Le pastoralisme apporte de grandes contributions économiques aux pays africains mais celles-ci ne sont pas toujours entièrement comprises ou reconnues dans la politique de développement national des politiques des régions d’élevage.
Les éleveurs utilisent les rares ressources végétales et d’eau disponibles dans les régions arides et semi-arides hostiles pour produire de la viande, du lait et d’autres produits d’animaux. L’élevage contribue à la protection et au maintien de certaines ressources nationales qui existent dans ces écosystèmes.
Cependant, les éleveurs vivent dans d’énormes angoisses et constituent la portion la plus vulnérable de la population Africaine. Les politiques orientées vers le développement des populations d’éleveurs insistent souvent sur les aspects techniques tout en délaissant les mesures sociales, économiques, environnementales et politiques essentielles qui auraient pu renforcer les capacités de leurs communautés à mieux gérer leurs ressources pour leur propre gain et celui des pays concernés.
Alors que certains progrès à l’égard des politiques favorables à l’élevage sont évidents tant au niveau national que régional, il est toujours absolument nécessaire d’améliorer la compréhension de l’élevage africain en ce qui concerne sa logique économique et écologique et le droit des éleveurs d’accéder à leurs terres et de poursuivre le gagne pain de leur choix. Le processus pour parvenir à une vision commune de l’élevage en Afrique suppose deux processus essentiels.
- Le premier consiste en un dialogue franc entre le gouvernement et les éleveurs, la représentation politique des ceux-ci, l’engagement avec leurs dirigeants et la société civile et l’organisation de forums à des niveaux différents, de l’échelle local au régional.
- Le deuxième est la nécessité de soutenir le dialogue avec une analyse économique actualisée qui révèle l’exacte valeur économique de l’élevage et qui aide le gouvernement à classer l’élevage par rapport aux autres systèmes d’exploitation de la terre, autres modes de subsistance productifs et secteurs.
Intégrer des questions pastorales dans les programmes de lutte contre la pauvreté
- a) La nécessité de briser le cycle de la pauvreté persévérante dans les communautés pastorales
Même si des efforts appréciables sont faits pour améliorer les défis auxquels sont confrontés les communautés pastorales, celles-ci sont toujours confrontées à des niveaux alarmants et augmentant de vulnérabilité et de pauvreté, d’insécurité prolongée et sévère, d’isolement spatial et de marginalisation politique.
La persévérance de la pauvreté dans les communautés pastorales indique l’impuissance de la majorité des pays africains de répondre aux besoins fondamentaux des communautés pastorales. Des programmes de développement élargis et équilibrés, bien conçus et mis en œuvre dans l’intérêt de toutes les portions de la population, peuvent contribuer à éradiquer l’extrême pauvreté.
- b) Faire du développement pastoral une partie intégrale du développement durable
La nécessité de reconnaître l’élevage en tant que part de la politique africaine de développement politique, économique et culturel a été démontré dans le présent document. Sur le plan économique, les éleveurs produisent des quantités très importantes de produits d’origine animale, et contribuent considérablement au commerce du bétail.
Ils s’adaptent aux changements économiques et de l’environnement, en s’appuyant sur l’efficacité des systèmes traditionnels de gouvernance et de protection sociale. Pour profiter de ces aspects positifs de l’élevage, une gouvernance appropriée et un environnement politique favorable est nécessaire.
Dans le domaine des priorités politiques il est particulièrement indispensable d’éclaircir les droits de propriété dans les régions d’élevage. Ceci est détaillé dans la stratégie et il est déterminant, non seulement pour les éleveurs femmes et hommes mais aussi pour les investisseurs commerciaux étrangers ou locaux, dont certains cherchent à s’engager dans l’élevage ou dans l’exploitation des gisements de pétrole et des minerais.
La possibilité de garantir l’accès aux ressources foncières pastorales par le biais de différents régimes fonciers qui garantissent la rentabilité des investissements à court ou à long terme est essentiel pour l’amélioration de la productivité de l’élevage en général et de la sécurité alimentaire en particulier. Des droits de propriété clairement définis en matière d’exploitation d’élevage présentent aussi l’occasion d’accroître les revenus des impôts et d’améliorer l’exportation des produits de l’élevage.
Malal Samba Guissé
Ce texte est tiré du cadre stratégique du pastoralisme en Afrique, du Département de l’Economie rurale et de l’Agriculture de l’Union Africaine,